jeudi 30 août 2012

Lutens, Diptyque, Frapin, ELO, etc… a sneak peek of fall launches (and a draw)



My desk is groaning under bottles and samples. I’m running out of skin real estate. September is around the bend, and with it, a slew of launches, many of which were presented before the summer holidays or even as far back as March at Esxence in Milan; a few others will remain mysteries until mid-September…

Among these, one of the most eagerly expected is Serge Lutens’s gardenia, called Une Voix Noire according to information that’s been circulating for months on the internet. Launched in Paris on September 11th, it is indeed a tribute to Billie Holiday: “Jazz, alcohol, night, and over all this, the troubling smoke of a white line of gardenia”, the invitation reads. Not speculating on a cocaine accord, but hoping the strange fruit will measure up to Tubéreuse Criminelle…

Another gardenia in the pipeline with Boutonnière from Arquiste, in my opinion one of the very best new niche houses, which will be presented in Florence at Pitti Fragranze. According to brand founder Carlos Huber, the initial inspiration for the scent was the wee hours after a night out, but since that turned out to be too feral to his nose, he went back to the early evening…  The historical setting is 1899 at the Paris Opera and in the preview press release, is attributed to “M. de Phocas”, not a perfumer but the name of a jewelry brand for gentlemen created by two young Mexican designers, Alexis Zambrano and Jesus Torres, and named after Monsieur de Phocas, the decadent dandy protagonist of an eponymous novel published by the equally decadent Jean Lorrain in 1901.

In the same, early-20th century decadent register, État Libre d’Orange’s new Afternoon of a Faun by Ralph Schwieger is, obviously, a tribute to Nijinsky, a boozy-mossy immortelle-laced leather with a wine-dark rose. Also in a leathery vein, ELO is also launching Dangerous Complicity, by the young Mane perfumer Violaine Collas, a powdery osmanthus-patchouli suede.

Still in a retro mood? For Speakeasy by Marc-Antoine Corticchiato – the first time the Corsican perfumer signs outside Parfum d’Empire – Frapin slides from cognac to its natural partner, the cigar, in a modern reworking of the “tabac blond” accord, with a splash of mojito for a Papa-does-Havana jaunt. Marc-Antoine will also be presenting a limited-edition extrait for Parfum d’Empire on September 20th in Paris. Can’t speak about it yet, but I’ve had a sniff of some of the final mods, and I’ll vouch that lovers of animal notes will be drooling over this one.

Like Frapin’s Speakeasy, Parfumerie Générale’s Djhenné, N°22 in the line, is based on a cool-warm contrast of lavender/mint and leather accords. Since this was just brought by the mailman, I haven’t had the time to skin-test yet, so more later.

Is tobacco set to become the new patchouli? It’s been starting to crop up more often, and Diptyque’s Volutes by Fabrice Pellegrin of Firmenich (a frequent collaborator of the brand) features one of the most delectable recent versions, with honeyed accents, tarry base notes and the utterly lovely contrast of an iris accord. Based on a childhood memory of Diptyque co-founder Yves Coueslant (like Tam Dao and Do Son), it was inspired by his ship journeys from Marseille to Saigon, and the Egyptian cigarettes smoked by glamorous female passengers…

Green is still trending, with Humiecki & Graef Candour by Christophe Laudamiel and Christoph Hornetz, a searingly fresh aromatic lavender-sage-cardamom accord that feels like mint though the note isn’t claimed, matched with a “parchment” effect (vanilla and almond milk).

Bertrand Duchaufour has been as busy as ever, with four new fragrances scheduled to be launched in September, one for The Different Company and three for a brand-new micro-niche house created by Paris jeweler Ann Gérard, for whom he composed the limited-edition extrait Pleine Lune in 2010.  A green chypre, a powdery iris leather and a linden-centered floral will be presented on September 20th. Interestingly, these are very different from the work he did for/with Neela Vermeire or with me, proving that Mr. D. can adapt to his various clients/creative partners without foregoing his distinctive style.

The former Yves Saint Laurent makeup artist Terry de Gunzburg has added a fragrance collection to her gorgeous By Terry brand. The scents (gardenia, tuberose, jasmine, almond and violet) still need further testing but initial sniffs weren’t quite up to scratch: the notes tend to break up fairly quickly on blotters.

Last but not least, Cartier’s new mainstream masculine, Déclaration d’un Soir, is by no means a flanker to Jean-Claude Ellena’s Déclaration. This could be “Portrait of a Gentleman”: a big bold macho rose with a generous spray of pepper which I’ll be getting back to ASAP, before Mathilde Laurent presents her next Heure de Parfum, an aromatic blend of garden herbs called L’Heure Vertueuse


So, on to you: which launch are you most eagerly expecting? And what should I review first? 

Drop a comment and I’ll draw a 5 ml spray preview sample of Diptyque Volutes in the eau de toilette version…

Added September 3rd: the draw is now over. Please check my latest post for the winner.

Picture taken by me at the launch of Volutes.

Lutens, Diptyque, Frapin, ELO, etc… petit aperçu des lancements de la rentrée

Mon bureau croule sous les flacons et les échantillons. Je n’ai plus un centimètre carré de peau à parfumer (du moins, dans une partie du corps que je puisse sentir sans stretching extrême). Autrement dit, les lancements de la rentrée se bousculent.

Le plus attendu est bien évidemment le gardénia de Serge Lutens, qui sera présenté à la presse le 11 septembre. Depuis plusieurs mois, il est annoncé sous le nom d’Une Voix Noire, hommage à Billie Holiday, ce que confirme l’invitation : « Le jazz, l’alcool, la nuit et sur tout cela, la fumée troublante d’une ligne blanche de gardénia. » Sans spéculer sur un éventuel accord cocaïne, on espère une interprétation aussi troublante que Tubéreuse Criminelle…

Encore un gardénia chez Arquiste, sans conteste l’une des nouvelles maisons les plus intéressantes : Boutonnière sera présenté à Pitti Fragranze à Florence, à la mi-septembre. Comme tous les parfums de la gamme, il tire son inspiration d’une époque historique, cette fois l’opéra de Paris en 1899. Carlos Huber, le créateur de la marque, m’a confié qu’il souhaitait initialement en faire une odeur de fin de nuit. Le résultat étant un peu trop fauve à son gré, il s’est réorienté vers le début de soirée. Un teaser pour Boutonnière l’attribue à un certain « M. de Phocas », qui n’est pas parfumeur puisqu’il s’agit d’une maison proposant des boutons de manchette créés par un duo de designers mexicains (donc compatriotes de Carlos Huber). Les littéraires auront peut-être reconnu Monsieur de Phocas, dandy décadent et héros du roman éponyme de Jean Lorrain, publié en 1901.


Dans le même registre fin-de-la-Belle-Époque, L’Après-midi d’un faune d’État Libre d’Orange est naturellement un hommage à Nijinski, rose vineuse plantée sur un cuir moussu par Ralph Schwieger. Sa collègue chez Mane, Violaine Collas, signe pour la maison un autre cuiré, cette fois plutôt daim poudré aux accents d’osmanthus, Dangerous Complicity.

Toujours dans la veine rétro : le Speakeasy de Frapin par Marc-Antoine Corticchiato (qui signe pour la première fois en dehors de Parfum d’Empire), qui passe du cognac à son partenaire naturel, le cigare, avec un accord tabac blond éclaboussé de mojito pour une ambiance rade chic aux Tropiques. Marc-Antoine présentera également le 20 septembre une nouvelle composition de Parfum d’Empire, un extrait en édition limitée, qui fera feuler les amateurs de notes animales…

Comme Speakeasy, le Djhenné de Pierre Guillaume pour Parfumerie Générale joue sur un contraste frais-chaud, accord aromatique lavande/menthe sur fond cuiré. Comme le flacon vient tout juste de m’être livré par le facteur, j’y reviendrai plus tard.

Le tabac serait-il le nouveau patchouli ? Pour Diptyque, Fabrice Pellegrin de Firmenich (collaborateur fréquent de la maison) signe l’une de ses versions les plus romantiques avec Volutes, inspiré comme Tam Dao et Do Son des souvenirs d’enfance d’Yves Coueslant, co-fondateur de la marque. Voyage au long cours entre Marseille et Saïgon, aromatisé par les cigarettes égyptiennes des belles passagères… Un tabac tendre et miellé, poudré d’iris sur fond bitumeux, dont je ne me lasse pas.

Retour aux accords aromatiques avec Candour de Christophe Laudamiel et Christoph Hornetz pour Humiecki & Graef, les déconstructeurs allemands de la parfumerie de niche. C’est vert, puissant comme de la menthe (même si la note n’est pas revendiquée) et, encore une fois, ça joue sur le frais-chaud avec un accord aromatique lavande-sauge sur un lit de parchemin (vanille et lait d’amande).

Toujours arrimé à sa paillasse, Bertrand Duchaufour signe quatre parfums présentés en septembre : l’un pour The Different Company dont le nom et les notes n’ont pas été divulgués pour l’instant, et trois pour une toute nouvelle maison. La joaillère Ann Gérard avait déjà lancé Pleine Lune en édition limitée, vendue exclusivement dans son studio. Elle dévoilera les trois parfums de sa jeune maison le 20 septembre, un chypre vert, un iris cuiré poudré et un floral aux inflexions tilleul. Ce trio est très différent du travail réalisé par Bertrand pour Neela Vermeire (ou de sa collaboration avec moi), ce qui démontre une fois de plus que Monsieur D. sait s’adapter à ses différent(e)s partenaires de création sans renoncer à sa signature.

C’est de chez Robertet que proviennent les cinq parfums lancés par Terry de Gunzburg, issue du sérail Yves Saint Laurent, en complément de sa superbe ligne de maquillage By Terry. Gardénia, tubéreuse, jasmin, amande et violette : je dois encore tester sur peau, mais sur mouillette, je ne suis pas forcément convaincue.

Enfin, en attendant son Heure Vertueuse, bouquet d’herbes aromatiques salubres qui intrigue déjà énormément, Mathilde Laurent se fend d’une Déclaration d’un soir, grand lancement masculin de Cartier qui est tout sauf un flanker du classique de Jean-Claude Ellena. Ce « portrait d’un gentleman » rend la rose quasiment macho en l’assaisonnant d’une pincée de poivre quasiment sternutatoire et franchement culottée…

Maintenant, à vous : quel est le lancement que vous attendez le plus cet automne ? Et sur quoi devrais-je me poser le nez en priorité ? 

Laissez un commentaire pour participer à un tirage au sort d’un échantillon de 5 ml de Volutes de Diptyque, version eau de toilette, en avant-première.

Ajouté le 3 septembre: le tirage au sort est maintenant terminé. Consultez mon dernier billet pour découvrir le gagnant.


 Image volée lors du lancement de Volutes...

lundi 27 août 2012

Amazingreen: CdG pops a pod



Have you ever popped a pod of touch-me-not? That’s the feeling Amazingreen gives off: a burst of tiny sappy tendrils peppering the air with slate-grey seeds. Pop! A burst of green in the nose, as sweet-fresh as spearmint though without the nostril-searing effect, followed by a tougher puff of airborne stone.

Nature provides countless ways of saying “green”, and Comme des Garçons seems dedicated to exploring them. It already devoted an entire, figurative series to leaves in 2000, and very recently launched a just-plain-Green as part of its Play trio. Amazingreen, which seems to follow up conceptually on Wonderwood as the "ultimate" interpretation of a note, comes in the gorgeous “pebble” of the original eau de parfum in a pearly-metallic forest-green finish, nested in a sheaf of green sheets of paper cut out to fit the bottle.

In French, feuille is the word for sheets of paper and leaves: I don’t know whether the pun inspired the packaging, but I wouldn’t put it past CdG, for this first collaboration with the IFF perfumer Jean-Christophe Hérault, to have indulged in some sort of poetic association for the two main green/mineral accords: from green to spring, and from the explosion of green in spring to a note that actually conjures the idea of explosion, gunpowder. Or perhaps the green/mineral idea stems from Hérault’s fascination for lentiscum and the smell of freshly renovated homes overlaying that of old stones, which he waxed enthusiastic about in Le Nouvel Observateur when questioned on the scents of spring. Or then again, Amazingreen might be an oblique study of vetiver and its rooty, smoky, flinty facets – the latter, stretched out with a hint of sulphur (naturally present in tropical fruit and blackcurrant), sparking off the gunpowder effect…

While Amazingreen may not quite be as maximalist as its copy claims – it hasn’t got the hugest volume and is only moderately long-lasting – or as explosive as its gunpowder accord would suggest, it is joyful and eccentrically elegant: just the thing for a Kalachnikov-toting guerilla dandy in the jungle. Or maybe for a kid with a popgun pretending the garden is the Amazon? After all, there’s always been a childlike sense of playfulness about Comme des Garçons…

Top picture sourced from Seamoon on flickr






Amazingreen : CdG se (re)met au vert


Avez-vous déjà fait éclater entre vos doigts une gousse d’impatience ne-me-touchez-pas ? Voilà la sensation que procure Amazingreen : une explosion de volutes délicates chargées de sève dispersant une volée de graines ardoise… Pop ! Une bouffée de vert vous remonte dans le nez, fraîche-sucrée comme de la menthe sans sa brûlure froide, suivie d’une vapeur minérale.

La nature offre des myriades de façons de dire « vert », et Comme des Garçons semble se dédier à en parcourir le catalogue. Après « Series 1 : Leaves » lancée en 2000, la marque est revenue très récemment sur la question avec un Green dans son trio Play. Amazingreen, d’un concept similaire à Wonderwood (parfum « total bois » lancé en 2010), est présenté dans le superbe flacon « galet » de la première eau de parfum, en verre forêt métallisé-perlé, niché dans un cahier de feuilles vertes découpées au laser. 
Un jeu sur le mot « feuille » a-t-il inspiré la présentation ? Et l’association des notes vertes à un effet poudre à canon a-t-elle été suscitée par un fugue sur l’idée explosive du printemps ? On peut aussi imaginer que le rapprochement du vert et du minéral dérive de notes qui fascinent Jean-Christophe Hérault, qui collabore pour la première fois avec Comme des Garçons Parfums. Interrogé sur les odeurs du printemps par le Nouvel Observateur, le parfumeur d’IFF avouait en effet sa passion pour le lentisque et l’odeur des maisons rénovées, superposée à celle des vieilles pierres… On pourrait aussi penser qu’Amazingreen développe de façon oblique les propriétés du vétiver, avec ses facettes racinaires (évoquées par l’iris), fumées et silex – cette dernière note, relevée d’un nuage de soufre (souvent associé au vert, par exemple dans le bourgeon de cassis), déclenchant l’effet poudre à canon…

Moins agressif que son nom (« vert stupéfiant ») et ses notes détonantes ne pourraient le suggérer – son volume n’est pas de l’ordre du champignon atomique et sa rémanence assez moyenne – Amazingreen est un parfum enjoué et légèrement excentrique qui conviendrait assez à un guérillero dandy dans la jungle… Ou alors, à un gamin armé d’un pistolet à bouchon qui joue à transformer le fond de jardin en forêt tropicale ? Après tout, Comme des Garçons n’a jamais renié sa part d’enfance.

Photo de l'impatiente de Balfour empruntée à isaisons.